MOUVEMENT DE GREVE DES MEDECINS LIBERAUX

Chères Patientes, chers Patients,


Le système de santé s'écroule dans l'indifférence la plus totale de nos dirigeants. Il est donc important pour nous de vous informer des enjeux actuels et des raisons qui nous motivent. Nous avions débuté un mouvement de grève depuis le 1er décembre 2022. Cette mobilisation nationale se prolonge devant l'inaction et les propositions inacceptables et coercitives du gouvernement et de l'Assurance Maladie.


Cela fait maintenant quelques années que nous avons l’opportunité de vous soigner : suivre votre famille, vos aînés, le développement de vos enfants, mais aussi vous accompagner dans les moments les plus difficiles. Nous avons choisi la médecine générale libérale par vocation, au terme de plus de 9 ans d’études, avec pour ambition d’apporter des soins adaptés à chacun, une écoute attentive et empathique et un diagnostic de qualité.


Mais cela non sans difficultés car l'avenir de la médecine libérale est incertain. Notre système de santé est mis à mal. L'accès aux soins devient de plus en plus difficile. Nos délais de rendez-vous s'allongent et de nombreux médecins ne parviennent plus à faire face à la demande croissante, sans devoir rallonger leur temps de travail ou raccourcir la durée des consultations, au détriment de la qualité des soins, au détriment du patient…Nous en sommes conscients mais pas responsables.


La réalité est que nous devenons chef d'entreprise, informaticien, comptable, technicien de bureau, rédacteur de certificats en tout genre, pour une trop grande partie d'entre eux inutiles et sans lien avec la médecine. Nous croulons sous la paperasse et la charge administrative au détriment d'une vraie médecine.


En dehors de notre temps de consultation au cabinet, nous gérons les situations d’urgence, nous prenons de vos nouvelles, analysons vos examens et les courriers de vos spécialistes, nous vous rappelons si besoin, préparons vos prochaines consultations, visitons à domicile les patients les plus fragiles. Nous devons également nous former et gérer les problématiques liées au cabinet, pour vous recevoir dans les meilleures conditions. Cela représente pour nous plus de 50 heures de travail par semaine.


Cependant, la valeur de ce travail, notre consultation médicale, celle de votre santé, est restée à 25 €, sans revalorisation depuis des années. Le tarif d'une médecine au rabais, parmi les plus bas en Europe (46 € en moyenne), n'incitant plus les futurs médecins à s'installer et ne nous permettant plus d'augmenter notre capacité de soins, sans  sacrifier la qualité de notre médecine. Le nombre de médecins installés continue de diminuer, les causes ? La baisse du numérus clausus dans les années 80-90, les départs en retraite sans renouvellement et le manque d'attractivité pour la médecine libérale : les jeunes médecins n'aspirent plus à exercer en cabinet.


La politique de santé et la future convention de l'Assurance Maladie futur 2023 nous imposent encore des contraintes supplémentaires, risquant de décourager les confrères déjà installés et "tuer" les vocations des futures générations, sans améliorer pour autant l'accès au soin ni la qualité des soins. Voici les raisons qui nous poussent à faire grève :


  • Le transfert des actes du médecin généraliste vers d'autres professionnels de santé : la proposition de loi Rist-Bergé permettrait à des infirmiers (IPA : infirmiers de pratique avancée), après seulement 4 mois de cours, 6 mois de stage de formation médicale de suivre des pathologies chroniques et de réaliser des actes médicaux, en accès direct par les patients, avec un droit à la primo-prescription. Soyons clairs : Il s'agit d'un transfert pur et simple non-encadré du travail du médecin et un démantèlement de la médecine de proximité qui peut s'avérer être une perte de chance pour les patients.


  • Une revalorisation du tarif de l'acte de base bloqué à 25 € depuis 2017 : Dans ce contexte inflationniste, l’objectif est de se rapprocher de la moyenne européenne, 50€ pour les généralistes et spécialistes. Dans quel but ? Employer du personnel (secrétaires, assistantes...), investir dans le matériel et nos locaux, afin de mieux vous recevoir, mais aussi se former et renforcer l’attractivité de notre profession pour favoriser les nouvelles installations. Ainsi, nous augmenterons l’accès aux soins.


  • Des contraintes supplémentaires imposées aux médecins déjà surchargés : l'Assurance Maladie nous demande encore d'augmenter notre patientèle, de réaliser au moins 6 consultations par heure (soit 10 minutes par consultations), de travailler le weekend, une permanence des soins obligatoire, l'adhésion à des CPTS etc...


  • Toujours plus d'administratif au détriment du temps médical : supprimons les subventions et forfaits attribués au prix de démarches fastidieuses qui n’améliorent pas l’accès et la qualité des soins. De la même manière, nous proposons d’abolir les certificats inutiles dont les arrêts de travail courts (moins de 3 jours) et d’avoir la possibilité de facturer les rendez-vous non honorés qui représentent 28 millions de rendez-vous manqués par an.


  • Une quatrième année d'internat en désert médical (10e année d'études), imposé sans encadrement : non seulement cela ne résoudra pas durablement la problématique car les médecins libéraux seront toujours aussi peu nombreux et que les déserts médicaux sont partout. Mais cela démotivera ces futurs médecins déjà en proie aux syndromes anxieux (60%), dépressions (27%) et idées suicidaires (24%) à l’issue de longues études au cours desquelles ils rapportent 210.000 euros / interne à l’Etat.


Cette politique que l'ensemble du corps médical conteste, ne va faire qu'aggraver les difficultés d'accès aux soins, creuser le manque de médecins, dégrader la qualité de la médecine française et favoriser l'apparition d’une médecine à 2 vitesses : de plus en plus de médecins parlent de se déconventionner de l’Assurance Maladie pour la survie de leur cabinet et pour leur liberté d'exercer. Leurs tarifs seraient librement fixés et aucun remboursement ne serait effectué par la sécurité sociale. Les plus jeunes ne choisirons plus la médecine générale, exerceront à l'étranger ou se tournerons vers le salariat, tandis que les médecins plus âgés arrêterons leur activité plus tôt que prévu.


Nous avons besoin de tout votre votre soutien pour préserver le métier pour lequel nous nous engageons corps et âme chaque jour pour vous. Notre but : relever et défendre un système de santé où nous pourrons vous soigner efficacement, exercer librement une médecine de qualité et garder le lien médecin-patient qui nous est si cher.


Signer la pétition !


Merci de votre compréhension et votre soutien, vous êtes notre force et notre principale considération.


Vos médecins,


Dr Solo RAKOTOARIVONINA    Dr Audrey ROMANET





Mis à jour le 20 Fév. 2023